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Troubles des conduites alimentaires

Rédigé par Isabelle Thibault, professeure au département de psychoéducation de l’Université de Sherbrooke

Les troubles des conduites alimentaires se caractérisent par de graves perturbations des croyances, attitudes et comportements à l’égard de la nourriture et du poids qui entraînent des conséquences néfastes sur les plans de la santé physique et du fonctionnement psychosocial[1]. Ils apparaissent généralement à l’adolescence et au début de l’âge adulte et l’anorexie et la boulimie sont les plus fréquemment rencontrées. Bien qu’on les retrouve davantage chez les filles, ils peuvent également survenir chez les garçons[2].

Prévalence

Une forte proportion d’enfants sont préoccupés par le poids, et ce, dès l’âge de 4 ou 5 ans[3]. Des auteurs rapportent que 31 % à 81 % des fillettes de 7 à 13 ans n’aiment pas certaines parties de leur corps, présentent une distorsion de leur image corporelle, craignent de prendre du poids, adoptent des conduites alimentaires restrictives ou font de l’exercice physique afin de perdre du poids[4],[5],[6]. Les résultats d’études récentes indiquent que près de 50 % des enfants du primaire sont préoccupés par leur poids[7] et plus de 40 % des fillettes ont déjà eu recours à des régimes amaigrissants à la fin du primaire[8]. Ces données sont inquiétantes, car les préoccupations pour la minceur, combinées aux pressions sociales pour le contrôle du corps, constituent des facteurs prédisposants majeurs des troubles alimentaires à l’adolescence, notamment l’anorexie[9]. Les personnes qui suivent des diètes sont de 5 à 18 fois plus à risque de développer un trouble alimentaire[10]. De plus, les conduites alimentaires adoptées à l’enfance perdurent généralement dans le temps[11].

Au Québec, on rapporte qu’au moins 10 % des femmes âgées entre 13 et 30 ans souffrent d’un trouble de l’alimentation important. Plus spécifiquement, 0,5 % à 4 % des femmes québécoises souffriront d’anorexie mentale au cours de leur vie, et 1 % à 4 % souffriront de boulimie. On note aussi que 56 % des femmes ayant un poids santé selon leur indice de masse corporelle veulent perdre du poids. Enfin, des enquêtes populationnelles ont permis d’établir que la proportion de personnes souffrant de troubles alimentaires sans répondre aux critères stricts du DSM IV varierait de 14 % à 22 %[12],[13].

Cartes conceptuelles

Une carte conceptuelle est une représentation graphique des principaux facteurs de risque et de protection associés à une problématique donnée. Elle permet de comprendre rapidement l’interaction entre les différents facteurs impliqués dans le développement de la problématique ainsi que les conséquences qui y sont associées, s’il y a lieu.

Pour en savoir davantage sur les cartes conceptuelles, consulter les documents suivants :

Qu’est-ce qu’une carte conceptuelle?
Carte conceptuelle de l’anorexie
Carte conceptuelle de la boulimie

Références

[1] APA. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.). Washington, D.C.: American Psychiatric Association.

[2] Dumas, J. E. (2013). Psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent (4e éd.). Bruxelles, Belgique : De Boeck.

[3] Le Heuzey, M.F. (2011). Déterminants socioculturels. Dans Mouren, M.C., Doyen, C., Le Heuzey, M.F. et Cook-Darzens, S., (Dir.) : Troubles du comportement alimentaire de l’enfant : Du nourrisson au préadolescent. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson.

[4] Boileau, B. (2000). À propos des troubles des conduites alimentaires chez l’enfant d’âge de latence. PRISME Psychiatrie, recherche et intervention en santé mentale de l’enfant, 32, 164-167.

[5] Foreyt, J. P. et Mikhail, C. (1997). Anorexia nervosa and bulimia nervosa. In E.J. Mash et L. G. Terdal (Dir.) Assessment of childhood disorders. New York: The Guilford Press.

[6] Hodes, M. (1993). Anorexia nervosa and bulimia nervosa in children. International Review of Psychiatry, 5(1), 101-108.

[7] Schur, E. A., Sanders, M. et Steiner, H. (2000). Body dissatisfaction and dieting in young children. International Journal of Eating Disorders, 27(1), 74-82.

[8] Rhee, K. E., Appugliese, D. P., Prisco, A., Kaciroti, N. A., Corwyn, R. F., Bradley, R. H. et Lumeng, J. C. (2010). Controlling maternal feeding practices associated with decreased dieting behavior in sixth-grade children. Journal of the American Dietetic Association, 110(4), 619-623.

[9] Agras, W. S., Bryson, S., Hammer, L. D. et Kraemer, H. C. (2007). Childhood risk factors for thin body preoccupation and social pressure to be thin. Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, 46(2), 171-178.

[10] Patton, G. C., Selzer, R., Coffey, C. C. J. B., Carlin, J. B. et Wolfe, R. (1999). Onset of adolescent eating disorders: population based cohort study over 3 years. Bmj, 318(7186), 765-768.

[11] Davidson, H. et Birmingham, C. L. (2003). Directives in anorexia nervosa: use of the “ulysses agreement”. Eating and Weight Disorders-Studies on Anorexia, Bulimia and Obesity, 8(3), 249-252.

[12] Kohn, M. et Golden, N. H. (2001). Eating disorders in children and adolescents. Paediatric Drugs, 3(2), 91-99.

[13] Swanson, S. A., Crow, S. J., Le Grange, D., Swendsen, J. et Merikangas, K. R. (2011). Prevalence and correlates of eating disorders in adolescents: Results from the national comorbidity survey replication adolescent supplement. Archives of general psychiatry, 68(7), 714-723.